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Y a-t-il vraiment une hausse des vols à l’étalage à cause de l’inflation ?

« Une hausse de 14 % des vols à l’étalage en 2022 » : ce chiffre du ministère de l’intérieur a été largement utilisé dans le débat public. De nombreux titres de journaux n’ont pas manqué de faire le lien entre cette augmentation et l’inflation des produits alimentaires, estimée sur un an à 14,8 % en février, selon les derniers chiffres de l’Insee. Pourtant, aujourd’hui, à y regarder de plus près, aucune donnée ne permet de faire le lien entre ces deux réalités.

Casino, Franprix, Monoprix, Carrefour, Leclerc… Les enseignes de la grande distribution sont fermes : « La situation qu’on nous décrit est quasiment apocalyptique. Tout ce qui se dit actuellement sur une explosion supposée des vols parce que les clients ne pourraient plus se nourrir, nous supermarchés généralistes de zone rurale et périurbaine, on ne le constate pas », affirme Thierry Desouches, porte-parole de Système U.

En zone urbaine, c’est la même chose : rien à signaler auprès des Casino, Franprix et Monoprix. Même son de cloche chez Carrefour, si ce n’est des « vols sporadiques », et « habituels », selon Frédérique Bayre, à la direction des relations presse. Début mars sur Franceinfo, Michel-Édouard Leclerc, le président du comité stratégique des centres E. Leclerc, avait lui aussi qualifié le phénomène de « marginal ». Et même la Fédération du commerce et de la distribution, qui réunit cinquante enseignes à prédominance alimentaire, emboîte le pas.

Mais alors, que dire de ce chiffre d’une hausse de 14 % des plaintes pour vols à l’étalage, pour un total de 41 922 ? Ce chiffre vient d’une comparaison entre les années 2022 et 2021, qui a connu des épisodes de couvre-feu et de confinement. De ce fait, il y a eu non seulement moins d’occasions de procéder à des vols à l’étalage en 2021 mais aussi moins de facilité pour les commerçants à déposer plainte. La bonne année de comparaison est donc 2019. Or cette année-là, « la gendarmerie nationale a constaté 15 734 vols à l’étalage, et la police nationale 35 120 », indique le ministère de l’intérieur à La Croix, soit un total de 50 854 plaintes pour cette année. Entre 2019 et 2022, le nombre de plaintes pour les vols à l’étalage a donc baissé de 17 %. Autrement dit, les plaintes étaient donc bien supérieures en 2019, année pourtant sans inflation.

«Historiquement, le nombre de vols a tendance à diminuer, relève Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités. Les pauvres ne sont pas des voleurs, eton ne se met pas à voler parce que les prix augmentent, on va dans des banques alimentaires. Sinon dans les phases d’inflation qu’on a connu dans les années 1970, avec 10 % d’inflation par an, les Français seraient tous devenus des voleurs », poursuit-il en riant. Il conclut ainsi : « Personne ne peut faire le lien entre l’inflation et les vols à l’étalage, c’est de la fake news. Ce qui ne veut pas dire que ça ne pourra jamais être vrai, mais personne ne peut le démontrer en France. Il n’y a aucune étude là-dessus, ni même de chiffres fiables. On est dans une phase d’emballement, d’effet circulaire médiatique. »

CET ARTICLE A ETE COPIE SUR www.la-croix.com

Written by Mark Antoine

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