Tout savoir sur le traitement de l’arythmie cardiaque

Une arythmie cardiaque peut se traduire par une altération de la fréquence cardiaque, de la régularité des contractions cardiaques et / ou de leur intensité. Une fois le diagnostic établi, plusieurs options thérapeutiques s’imposent, en complément de mesures hygiéno-diététiques strictes. Quelles sont ces mesures ? Quels sont les traitements disponibles ? Réponses du Dr Claude Kouakam, médecin cardiologue, spécialisé dans la prise en charge des troubles du rythme cardiaque et responsable de l’unité Syncope et du Plateau Technique Rythmologique Non Invasif à l’Institut Cœur Poumon du CHU Lille.

Tachycardie, bradycardie, extrasystoles… Il existe différents types d’arythmie cardiaque

L’arythmie cardiaque regroupe plusieurs pathologies dont le degré de sévérité varie :

  • La tachycardie, caractérisée par un rythme cardiaque très rapide au repos (plus de 100 battements par minute). À noter : on distingue la tachycardie auriculaire, en provenance des oreilles, et la tachycardie ventriculaire, en provenance des ventricules.
  • La bradycardie, caractérisée par un rythme cardiaque très lent au repos (moins de 50 battements par minute).
  • La fibrillation auriculaire, l’arythmie la plus fréquente, caractérisée par une accélération importante du rythme de contraction des oreillettes.
  • Le flutter auriculaire, une forme atténuée de fibrillation auriculaire.
  • La fibrillation ventriculaire, qui implique que les ventricules vibrent et ne se contractent pas de façon coordonnée.
  • L’extrasystole, une légère irrégularité du rythme cardiaque qui peut atteindre un ventricule ou une oreillette.
  • Les troubles de la conduction, dus à la propagation anormale des influx électriques dans le cœur. À noter : on distingue les conductions anormales et les blocs de conduction.

Est-ce que l’arythmie est dangereuse ?

Tout dépend du type d’arythmie, et de son degré de gravité, répond le Dr Kouakam. La fibrillation auriculaire, par exemple augmente fortement les risques cardiovasculaires (on estime que 20 à 30 % des AVC seraient liés à ce trouble). La fibrillation ventriculaire, elle, est la cause la plus importante de mort subite. Quant à la bradycardie ou la tachycardie, elles sont parfois tantôt bénignes, tantôt très sévères.

Dans le pire des cas, les arythmies cardiaques sont découvertes lorsqu’elles conduisent à la mort subite. Mais la plupart du temps, elles sont découvertes lorsque les premières complications surviennent. Ces complications peuvent être d’ordre cardiaque (insuffisance cardiaque) ou d’ordre vasculaire (accident vasculaire cérébral, embolie pulmonaire, troubles de la rétine, etc.).

Peut-on guérir d’une arythmie cardiaque ?

“Certaines pathologies peuvent être prises en charge par des médicaments ou des traitements électriques. Mais malheureusement le traitement est souvent nécessaire à vie, il permet de prendre en charge les symptômes, mais ne résout pas forcément la cause de l’arythmie cardiaque. Autrement dit, on ne guérit jamais vraiment“, indique le cardiologue.

Comment vivre au quotidien avec une arythmie cardiaque ?

Le diagnostic d’arythmie cardiaque impacte forcément le quotidien des patients. Plusieurs règles permettent toutefois de prévenir l’apparition des symptômes et de limiter leur impact :

  • éviter la consommation excessive d’excitants comme la caféine ou la théine ;
  • éviter, voire stopper complètement l’alcool, le tabac et les drogues récréatives ;
  • adopter une alimentation saine et équilibrée (limiter les aliments trop gras, trop sucrés ou trop salés) ;
  • pratiquer une activité physique régulière (à condition de vous astreindre régulièrement à un bilan cardiologique comprenant un test d’effort) ;
  • conserver un poids de forme stable, le plus proche de l’IMC normal (entre 18,5 et 25) et surveillez votre tour de taille ;
  • limiter les facteurs de stress et / ou d’anxiété.

Enfin, faites-vous suivre régulièrement par votre médecin et observez votre traitement à la lettre. Y compris s’il s’agit du traitement d’une pathologie connexe comme le diabète ou l’hypertension artérielle, insiste le Dr Kouakam.

Arythmie cardiaque : quels médicaments pour soigner son cœur (antiarythmiques, anticoagulants, etc.) ?

Le traitement médicamenteux varie selon la nature de l’arythmie, cela va de soi. Il peut comprendre :

  • des médicaments antiarythmiques : bêtabloquants, amiodarone, etc. ;
  • des anticoagulants, pour fluidifier le sang et éviter la formation éventuelle de caillots sanguins : médicaments antivitamine K (AVK), dabigatran, rivaroxaban, apixaban, etc. ;
  • voire des antiagrégants plaquettaires ou des médicaments dits antithrombotiques à la place des anticoagulants.

Et le cardiologue d’insister :

L’efficacité de ces médicaments varie selon les patients, la nature de leur arythmie et ses causes. Pour l’optimiser, les patients doivent rigoureusement respecter les doses et les horaires de prise.  

Les traitements électriques des troubles du rythme cardiaque

Un traitement “électrique” peut parfois être nécessaire :

  • une ablation par brûlure, à l’aide d’une sonde, des zones à l’origine du trouble du rythme cardiaque (foyers arythmogènes). On utilise pour détruire le foyer malade des courants de radiofréquence (température élevée) ou la cryothérapie (températures extrêmement froides). Cette technique est notamment utilisée en cas de flutter auriculaire ou de fibrillation auriculaire ;
  • un choc électrique externe (ou cardioconversion), sous anesthésie générale, permet de réinitialiser le circuit électrique du cœur. Cette technique permet notamment de traiter une tachycardie résistante au traitement médicamenteux ;
  • la pose d’un stimulateur cardiaque (pacemaker), sous anesthésie générale. Elle est indispensable lorsque le cœur bat trop lentement. Il peut s’agir d’appareils dits “sentinelles”, qui se mettent en marche en cas de besoin et prennent le relais quand le cœur ralentit trop, ou d’appareils qui régulent l’activité cardiaque en permanence ;
  • la pose d’un défibrillateur automatique implantable, en cas de troubles du rythme ventriculaires, graves pour empêcher un emballement cardiaque, resynchroniser le cœur et pallier un éventuel arrêt cardiaque.

Lorsque l’arrêt cardiaque survient (souvent à cause d’une fibrillation ventriculaire), on utilise un défibrillateur automatisé externe pour faire repartir l’activité cardiaque. Ces appareils désormais bien connus du grand public sont disponibles dans de nombreux lieux publics et privés, comme les grandes surfaces, les pharmacies, les mairies, les salles de concert, etc. On les utilise après deux minutes de massage cardiaque, en suivant les étapes indiquées oralement par le dispositif. 

Traitement naturel : certaines alternatives peuvent-elles être efficaces en complément ?

Comme indiqué ci-dessus, la prise en charge de l’arythmie cardiaque passe par l’adoption de mesures hygiéno-diététiques : mise en place d’une alimentation saine, limitation de la consommation de tabac, d’alcool et d’excitants, pratique régulière d’une activité physique, etc. Parfois, le recours à des médicaments ou à des techniques particulières est nécessaire.

En complément de ces mesures et du traitement mis en place selon les recommandations de votre cardiologue, certaines alternatives naturelles peuvent soulager les symptômes d’une arythmie cardiaque :

  • la cohérence cardiaque, en cas de palpitations. Cette technique de relation basée sur la respiration vise à calmer le cœur et à mieux contrôler ses battements cardiaques. C’est un excellent outil de prévention du stress.
  • des cures de magnésiumpour réguler le système nerveux. Le magnésium est un modulateur neuromusculaire à l’action sédative, qui favorise la régulation du rythme cardiaque. Des injections de magnésium peuvent parfois être proposées par l’équipe soignante dans le cadre de certaines arythmies comme la tachycardie.
  • l’huile essentielle d’ylang-ylang. Connue pour ses propriétés relaxantes et équilibrantes, cette huile est aussi antispasmodique et vasodilatatrice. Respirer cette huile de temps en temps permet donc de diminuer légèrement la pression artérielle et de ralentir les battements cardiaques.

En phytothérapie, les propriétés de l’aubépine, de la valériane et de la passiflore peuvent aussi être intéressantes pour soulager la nervosité et les troubles cardiaques.

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