C’est la journaliste Danielle Partis du site Games Industry qui l’affirme : le studio ZA/UM a fait part de ses propres accusations à l’encontre du designer et du directeur créatif de Disco Elysium. Ils auraient été renvoyés en 2021 pour de graves fautes dans leur conduite de l’entreprise, et en particulier leur relation avec les équipes de développement. Elle écrit :
“Le studio a déclaré que les employés renvoyés n’avaient que peu voire pas d’implication dans leur travail, créaient un environnement de travail toxique, se comportaient de manière inappropriée avec les autres employés, notamment en faisant usage de harcèlement verbal et discriminations basées sur le genre, et ont aussi tenté de vendre illégalement la propriété intellectuelle de ZA/UM.”
Des faits rapportés par les sources de Games Industry, mais également par l’actuel PDG du studio, Ilmar Kompus, qui témoignant dans le journal estonien Estonian Ekspress :
“Ils traitaient très mal leurs collègues de travail. Malgré de nombreux échanges à ce sujet, les choses ne se sont pas améliorées. L’entreprise a donc été contrainte de les licencier. Robert Kurvitz est connu pour avoir dénigré des femmes et des collègues par le passé, mais l’entreprise ne le savait pas. Il serait très peu clairvoyant de la part d’une entreprise internationale en pleine croissance de tolérer un tel comportement.”
“Ils ont même pris l’initiative secrète et en violation de leurs engagements contractuels de démarcher d’autres grands studios de jeux vidéo pour se vendre eux, ainsi que la propriété intellectuelle du jeu. Mais personne n’était intéressé, ça les a peut-être mis en colère” dit Ilmar Kompus, qui parle “d’illusions de grandeur”.
Leur renvoi aurait été le fait de Kaur Kender, producteur exécutif de Disco Elysium, leur supérieur direct, avant que celui-ci ne prenne un congé du studio pour des raisons médicales quelques mois plus tard, en août 2021. Il y aurait eu deux visions conflictuelles au sein de ZA/UM : les financiers qui sont restés, et les créateurs menés par Robert Kurvitz qui jugeaient “les profits secondaires”.

Les sources de Games Industry confirment en off cette situation : “d’un côté les manigances du PDG, de l’autre un auteur toxique”. Le co-fondateur de l’association culturelle à l’origine du studio, Martin Luiga, témoigne même à découvert au journal estonien : “Je me suis mis à boire à cause de ces conditions de travail inhabituelles. Le travail était organisé d’une telle manière qu’on aurait cru qu’il était destiné à ce qu’on s’engueule tous, pas à ce qu’on produise un jeu vidéo”.
Une des sources Danielle Partis semble toutefois décrire la situation comme plus nuancée, les employés de longue date étant hésitants à parler du comportement de leurs anciens supérieurs, auxquels ils doivent leur emploi. Les employés plus récents ont pour leur part hésité à évoquer le sujet à cause de leur manque de connaissance du dossier. On se souvient pourtant qu’une employée s’était exprimée il y a un mois en disant que le départ de quelques employés ne signifiait pas la mort de Disco Elysium, la majorité des développeurs du premier jeu travaillant encore sur sa suite.
Voici une traduction complète du communiqué de ZA/UM founi à Games Industry :
“Le studio ZA/UM a publié aujourd’hui une déclaration pour répondre aux récents licenciements d’équipes qui ont suscité des litiges et une couverture médiatique. Le récent licenciement de quelques membres de l’équipe de ZA/UM a donné lieu à des dépôts de plainte et à une couverture médiatique inexacte. Bien que nous soyons convaincus que ZA/UM aura gain de cause devant les tribunaux une fois que tous les faits auront été entendus, nous pensons qu’il est nécessaire de répondre aux allégations sans fondement et aux contre-vérités, ne serait-ce que pour défendre correctement ZA/UM et protéger nos employés.
Bien qu’un litige en cours limite ce que nous pouvons partager publiquement, nous pensons que des informations supplémentaires fourniront une image plus précise étant donné que nos anciens employés ont négligé de mentionner des faits clés aux journalistes, sur des blogs et dans d’autres plateformes publiques. Par souci de clarté et d’exactitude, nous partageons les raisons des licenciements justifiés de certains anciens membres de l’équipe ZA/UM Studio :
● Un engagement limité ou nul dans leurs responsabilités et leur travail – y compris le fait de ne pas travailler du tout pendant près de deux ans alors qu’ils étaient toujours payés par le studio – et le fait d’obliger leurs collègues à compenser leur manque d’effort.
● Création d’un environnement de travail toxique qui va à l’encontre de la culture de ZA/UM et de la productivité de l’équipe.
● Une mauvaise conduite dans leurs interactions avec d’autres collègues qui comprend abus verbaux et discrimination sexuelle.
● Tentatives de vente illégale à d’autres sociétés de jeux de la propriété intellectuelle de ZA/UM dans le but de miner le reste de l’équipe.
ZA/UM ne peut pas tolérer et ne tolérera pas cette méconduite flagrante, même de la part d’individus qui, avec l’ensemble de l’équipe, ont contribué à un jeu dont nous sommes exceptionnellement fiers et qui continue de capter les imaginations à travers le monde. Outre la créativité et l’innovation, ZA/UM est également synonyme de professionnalisme, de gentillesse, de décence et d’équité, ce que nous attendons de tous nos employés. Ce serait manquer de perspicacité que d’accepter quelque chose de moins, car nous avons besoin d’une équipe soudée pour le processus hautement collaboratif qu’est la création de jeux.
La rumeur selon laquelle notre décision de mettre fin aux contrats de ces personnes a été prise pour des raisons financières est totalement infondée et ne reflète en aucun cas les faits. C’est une décision qui a dû être prise pour le bien-être du collectif. En outre, ZA/UM nie toute allégation de malversation financière ou de fraude à son encontre. La grande majorité des bénéfices de Disco Elysium a été réinvestie dans le studio afin de financer nos prochains projets, qui sont actuellement en cours de développement.
Nous ne laisserons pas les actions et les commentaires d’une poignée de personnes distraire du travail important du studio. ZA/UM a triplé sa taille depuis un an et compte désormais près de 100 employés, tout en conservant la grande majorité de l’équipe qui a travaillé sur Disco Elysium. Nous avons constitué une équipe passionnée et créative, dotée d’un talent stupéfiant, qui continue d’associer la narration, l’art et la technologie dans nos efforts pour élever les jeux vidéo et redéfinir les genres. Nous sommes enthousiastes à l’idée de poursuivre dans cette voie avec tout l’amour et l’intelligence que nous avons dans nos cœurs et nos esprits. Nous avons encore tellement de choses à vous montrer.”
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