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Où se trouve le cœur chez la femme ?

Sur le plan anatomique, le cœur n’est pas un organe strictement identique entre les deux sexes, mais il se trouve au même endroit, dans la cage thoracique. Si son fonctionnement est le même, chez les femmes, le cœur est plus petit que chez les hommes, et les artères sont plus fines que celles des hommes et très sensibles aux hormones féminines, les oestrogènes protecteurs.

Les femmes et les maladies cardiaques

Les maladies cardiaques désignent les pathologies touchant le cœur, tandis que les maladies cardiovasculaires regroupent les affections touchant le cœur et le système vasculaire (artériel et/ou veineux). Les femmes peuvent développer les mêmes maladies cardiaques et accidents cardiovasculaires que les hommes, à savoir principalement :

  • l’hypertension artérielle ;
  • les troubles du rythme cardiaque (arythmies, fibrillation, …) ;
  • l’athérosclérose ;
  • l’accident ischémique transitoire (AIT) ;
  • L’infarctus du myocarde, appelée aussi “crise cardiaque” ;
  • L’accident vasculaire cérébral (AVC) ;
  • L’insuffisance cardiaque associant une toux cardiaque, un œdème et une respiration sifflante ;
  • les infections cardiaques : péricardite (infection de l’enveloppe externe du cœur), myocardite (infection du muscle cardiaque), endocardite (infection des valves situées entre les quatre cavités cardiaques).

Certaines de ces maladies sont des maladies chroniques, évolutives, comme l’insuffisance cardiaque ou l’athérosclérose, d’autres sont aiguës et surviennent sous la forme d’accidents ponctuels, comme les AVC ou l’infarctus du myocarde. Dans tous les cas, les conséquences sont importantes et peuvent conduire au décès du patient, si le diagnostic et la prise en charge ne sont pas adaptés et suffisamment précoces.

Certains signes d’alerte ou symptômes sont très importants à connaître, car ils peuvent indiquer un problème cardiaque :

  • une fatigue à l’effort, une fatigue inhabituelle ;
  • des palpitations ;
  • une sensation de brûlure au niveau thoracique, en particulier au repos ou en toussant ;
  • une forte douleur thoracique (douleur dans la poitrine) irradiant dans le bras (le plus souvent le bras gauche) ou l’épaule, qui est un signe d’urgence ;
  • un essoufflement, une sensation d’épuisement ;
  • des signes digestifs : brûlures d’estomac, nausées ou vomissements.

Insuffisance cardiaque, infarctus du myocarde ou crise cardiaque, AVC… les symptômes qui doivent alerter

En cas de survenue de ces symptômes, il faut rapidement consulter un médecin ou un cardiologue, voire contacter les secours par exemple en cas de douleur thoracique. Certains symptômes peuvent témoigner d’un accident imminent (infarctus du myocarde ou crise cardiaque), d’autres d’un problème plus latent, comme un début d’insuffisance cardiaque.

Il faut également connaître les premiers signes des accidents cardiovasculaires, comme les signes évocateurs d’un AVC : faiblesse d’un côté du corps, déformation de la bouche, asymétrie du regard ou troubles visuels, difficulté à parler ou à se faire comprendre. Des signes qui nécessitent un appel immédiat aux services d’urgence et de secours.

Quels sont les signes de l’infarctus du myocarde ?

La survenue d’un infarctus du myocarde peut être repérée par l’apparition brutale de signes caractéristiques, comme :

  • une douleur thoracique au repos ou au cours d’un effort physique ;
  • une douleur thoracique à partir de l’arrière du sternum et qui peut s’étendre vers la mâchoire, le bras gauche, les deux bras ou le dos ;
  • une douleur thoracique qui fait penser à un étau : intense, en barre, avec une impression de resserrement de la cage thoracique ;
  • une douleur qui dure, ne cède pas spontanément ou lors de la prise des médicaments à base de trinitrine (médicaments prescrits en prévention des crises d’angor) ;
  • une pâleur, un malaise, des sueurs, un essoufflement, des nausées, des éructations, une angoisse…

Mais les symptômes ne sont pas toujours aussi caractéristiques. L’infarctus du myocarde est une urgence médicale qui nécessite un appel immédiat des services d’urgence et de secours.

« Chez les femmes, les symptômes de la maladie cardiaque peuvent être différents de ceux perçus par les hommes. Par exemple, les plaques d’athérome sont différentes de celles des hommes, molles et sans sténose. Les professionnels de santé et les femmes doivent être sensibilisés sur ces différences pour mieux reconnaître les symptômes atypiques des femmes », explique le Dr Claire Mounier-Vehier.

Hommes et femmes face aux maladies du cœur

« Si les facteurs de risque cardiovasculaires sont les mêmes chez les femmes et chez les hommes, l’impact est plus important chez les femmes, surtout après la ménopause », explique le Dr Claire Mounier-Vehier.

La maladie cardiovasculaire est une maladie de l’environnement. Tout dépend donc du risque cardiovasculaire. En effet, plusieurs facteurs sont identifiés dans la survenue d’un accident. Chaque facteur de risque cardiovasculaire augmente le risque de développer une maladie cardiovasculaire et combinés entre eux, ils ont un effet délétère synergique. Il s’agit de :

  • L’âge : au-delà de 50 ans chez les hommes et au-delà de 60 ans chez les femmes ;
  • Le sexe : avant la ménopause, les femmes sont moins à risque que les hommes, une tendance qui s’inverse à la ménopause
  • Les antécédents familiaux de maladies ou d’accidents cardiovasculaires (surtout lorsque la maladie est survenue à un âge précoce) ;
  • Le tabagisme ;
  • Le diabète, en particulier lorsqu’il est mal contrôlé ;
  • La microalbuminurie, qui correspond à la présence de traces d’albumine (une protéine du sang) dans les urines ;
  • L’hypertension artérielle ;
  • L’excès de LDL-cholestérol (le mauvais cholestérol), qui contribue au développement de l’athérosclérose ;
  • L’excès de triglycérides (un type de graisses) ;
  • Le surpoids et l’obésité, en particulier une obésité abdominale déterminée par un tour de taille trop élevé (80 cm pour une femme, 94 cm pour un homme) ;
  • La sédentarité et le manque d’activité physique régulière ;
  • Le stress ;
  • Le manque de sommeil.

Certains de ces facteurs sont inévitables, comme l’âge, le sexe ou la ménopause, tandis que d’autres facteurs sont évitables ou modifiables, comme le tabagisme ou la sédentarité. Pour réduire le risque cardiovasculaire au maximum, il faut s’attaquer aux facteurs modifiables.

« En matière de problèmes cardiaques, il est capital de maintenir la différence de genre ! D’ailleurs, il faudrait des recommandations de prévention et de prise en charge qui tiennent compte du sexe. Elles existent aux USA, mais peinent à arriver en Europe et en France. », souligne le Dr Claire Mounier-Vehier.

En effet, si les facteurs de risque cardiovasculaire sont identiques entre les deux sexes, les femmes présentent une susceptibilité plus importante aux maladies cardiovasculaires, et ce pour plusieurs raisons :

  • l’exposition aux hormones : l’influence des hormones œstrogènes et progestérone pendant la période reproductive (lorsque la femme est en âge de procréer entre la puberté et la ménopause) tend à protéger la femme des maladies cardiovasculaires, mais cette exposition baisse puis s’arrête à la ménopause.
  • la contraception hormonale : certaines formes de contraception hormonale, la contraception œstroprogestative, sont associées à une augmentation du risque cardiovasculaire. La prise de certaines pilules contraceptives (c’est-à-dire celles contenant un œstrogène de synthèse) sont ainsi contre-indiquées chez les femmes ayant un risque cardiovasculaire élevé.

« Malheureusement, malgré les recommandations en vigueur, il se produit chaque année des accidents cardiaques graves chez des femmes, suite à la prescription de contraceptions combinées malgré l’existence de contre-indications », souligne le Dr Claire Mounier-Vehier.

Les maladies et accidents cardiovasculaires peuvent être associés à un risque de décès, mais aussi à des séquelles parfois irréversibles. Une réadaption cardiaque est nécessaire pour retrouver une vie la plus normale possible. Le risque de nouvel accident cardiovasculaire est amplifié, ce qui implique une surveillance régulière et généralement la prise d’un traitement préventif.

Risque cardiovasculaire et santé cardiaque des femmes

Certaines situations physiologiques ou pathologiques spécifiques aux femmes augmentent le risque cardiovasculaire :

  • L’endométriose, car elle est liée à un sur-risque métabolique, comme la ménopause ;
  • Le syndrome des ovaires polykystiques, associé à des troubles hormonaux et à un sur-risque métabolique ;
  • L’insuffisance ovarienne prématurée, encore appelée la ménopause précoce avant 40 ans ;
  • Un âge des premières règles inférieur à 11 ans ou supérieur à 15 ans, associé à un sur-risque métabolique.

De même, l’existence de certaines pathologies chroniques, non spécifiques aux femmes, mais plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes, est associée à une augmentation du risque cardiovasculaire :

  • La polyarthrite rhumatoïde et la spondylarthrite ankylosante, avec un effet délétère de l’inflammation chronique et de certains traitements ;
  • La sclérose en plaques.

Ces pathologies provoquent un vieillissement accéléré des vaisseaux sanguins, les rendant plus fragiles.

« Il ne faut pas oublier l’impact des traitements contre le cancer du sein (cancer le plus fréquent chez les femmes) sur le muscle cardiaque et le vieillissement artériel. Ces antécédents médicaux augmentent le risque cardiovasculaire dans les mois et années qui suivent le diagnostic. Ces femmes doivent bénéficier d’une surveillance renforcée », explique le Dr Claire Mounier-Vehier.

Risque cardiovasculaire chez les femmes et ménopause

Après la ménopause, le risque cardiovasculaire chez les femmes devient supérieur à celui des hommes, pour plusieurs raisons :

  • l’arrêt de l’imprégnation œstrogénique ;
  • la rigidité artérielle induite par la ménopause ;
  • le profil métabolique défavorable (risque de syndrome métabolique) lié aux changements de la ménopause. 

« L’arrivée de la ménopause marque pour les femmes un véritable tournant par rapport au risque cardiovasculaire », souligne le Dr Claire Mounier-Vehier.

Risque cardiovasculaire et grossesse

La grossesse, si elle n’est pas une pathologie en elle-même, induit des changements physiologiques, métaboliques et hormonaux, qui peuvent augmenter le risque d’accidents cardiovasculaires. Certaines complications de la grossesse, comme le diabète gestationnel ou la pré-éclampsie, sont directement associées à un risque majoré d’accidents cardiovasculaires et de diabète de type 2.

De plus, certaines situations sont connues pour être associées à un sur-risque métabolique et donc à une augmentation du risque cardiovasculaire :

  • Un nombre de grossesses (y compris les fausses couches et les avortements) supérieur à trois ;
  • L’absence d’allaitement.

Quel suivi cardiologique pour une femme ?

Tout au long de leur vie, les femmes doivent avoir le même suivi cardiovasculaire que les hommes, en fonction de leur situation et de leurs facteurs de risque, par exemple les antécédents familiaux.

« Chaque professionnel de santé doit contribuer au repérage des femmes à risque et à leur prise en charge, que ce soient les médecins généralistes, mais aussi les gynécologues, les sages-femmes, les médecins du travail ou les infirmiers. Il ne faut pas oublier que 200 femmes meurent d’un accident cardiovasculaire par jour en France ! La coordination des professionnels de santé et le développement des parcours de santé de la femme sont essentiels pour prévenir le risque d’accident cardiovasculaire chez les femmes », alerte le Dr Claire Mounier-Vehier.

Au-delà de l’examen clinique et des examens cardiologiques les plus couramment prescrits, comme l’électrocardiogramme ou l’échographie du cœur, deux examens sont particulièrement adaptés à la situation spécifique des femmes :

  • le coroscanner (ou angio-scanner des artères coronaires), recommandé en première intention si la femme présente des signes d’alerte, mais peut être discuté au cas par cas dans le repérage des femmes, même jeunes, à titre de prévention des maladies cardiaques et en particulier de l’infarctus du myocarde,si elles ont des facteurs de risque comme l’hypercholestérolémie, le diabète, l’hypertension artérielle, le tabac, … :
  • l’échodoppler vasculaire.

Certaines étapes clés de la vie des femmes constituent des moments importants pour la santé cardiovasculaire et nécessitent une surveillance renforcée :

  • la prescription d’une première contraception hormonale et le suivi de la femme sous contraception ;
  • le projet de conception et le suivi de la femme enceinte, y compris et surtout en cas de complications de la grossesse ;
  • l’entrée dans la ménopause.

Le repérage et la prévention des maladies et accidents cardiovasculaires sont essentiels et passent par :

  • La réduction des facteurs de risque cardiovasculaire modifiables, comme l’arrêt du tabac, le contrôle du poids corporel ou une meilleure alimentation ;
  • La prise de traitements par exemple pour réduire les troubles lipidiques (excès de cholestérol ou de triglycérides).

Le Dr Claire Mounier-Vehier est co-fondatrice d'”Agir pour le cœur des femmes”, un fonds de dotation dont l’objectif est de sauver la vie de 10 000 femmes en cinq ans (www.agirpourlecoeurdesfemmes.com). Très engagé dans l’information et la prévention des problèmes cardiaques chez les femmes, “Agir pour le cœur des femmes” a récemment lancé une grande opération itinérante d’information, de sensibilisation et de prévention, les Bus du cœur. L’objectif est d’aller à la rencontre des femmes, en particulier celles en situation de précarité sanitaire et sociale, dans les grandes villes françaises.

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