Molluscum contagiosum chez l’enfant et l’adulte

L’expert : Pr Franck Boralevi, responsable de l’Unité de Dermatologie pédiatrique du CHU de Bordeaux.

Des micro-boutons contagieux

Depuis quelques jours, sur la peau de votre enfant, vous avez remarqué des petites boules transparentes, comme des microboutons, rassemblés en grappes à la surface de la peau, dans le pli de l’aine. Il s’agit peut-être de “molluscums contagiosums” ! Rassurez-vous : c’est contagieux et ça porte un nom barbare, mais c’est tout à fait inoffensif.

La période d’incubation de cette infection virale varie énormément : elle peut être de seulement deux semaines, comme elle peut s’étendre pendant des mois, c’est pourquoi il est compliqué de revenir aux origines de l’infection.

Chez l’enfant, ce virus se transmet par contact direct avec la peau d’une personne infectée, ou via du linge contaminé. C’est pourquoi il est vivement conseillé, dans une fratrie, de ne partager ni la même serviette de toilette ni la même literie.

Chez l’enfant, un virus fréquent et sans gravité

« Les molluscums contagiosums sont fréquents chez les enfants, surtout avant 5 ans, et sans gravité », rassure d’emblée le Pr Franck Boralevi, responsable de l’Unité de Dermatologie pédiatrique du CHU de Bordeaux. « Ce n’est pas un problème d’hygiène, et il n’y a pas de facteurs favorisants en dehors de l’eczéma, auquel les molluscums sont souvent associés. » Mais alors, c’est quoi, exactement, un molluscum contagiosum ? « C’est à peu près la même chose qu’une verrue sauf que ce n’est pas le même virus qui en est responsable », explique le professeur. « Pour les verrues, c’est du papillomavirus ou HPV ; pour les molluscums, c’est un parapoxvirus [de la famille des poxvirus, ndlr]. En fait, c’est un cousin éloigné de la variole, mais pas de panique, ça n’a rien à voir avec elle ! Les molluscums ne sont jamais dangereux », rassure le spécialiste. On les trouve surtout dans les plis de l’aine, des aisselles, de l’abdomen, des paupières…

« Ça ressemble à un bouton, une petite boule ombiliquée, avec au centre un cratère. Ça peut être à peine visible, ou plus gros. Il peut y en avoir seulement quelques-uns, ou alors quelques dizaines, voire, plus rarement, encore plus », explique le Pr Boralevi.

Rare avant l’âge d’un an, une infection à molluscum contagiosum touche préférentiellement les enfants d’âge préscolaire ou en maternelle, ou tout du moins les enfants de moins de 10 ans.

Elle se caractérise par la présence de groupes de papules de couleur rose, en forme de dôme, lisses, cireuses ou perlées et ombiliquées, d’un diamètre généralement compris entre 2 et 5 mm. Ces bosses sont fermes, et possèdent un petit creux au centre, d’où le terme de papules ombiliquées. Chez l’enfant elles, apparaissent le plus souvent sur le visage, le tronc et les extrémités. Notons qu’en cas d’infection par le VIH ou chez les personnes immunodéprimées, les lésions peuvent cependant être plus impressionnantes, et atteindre 10 à 15 mm de diamètre.

Si elles ne sont généralement pas associées à des démangeaisons de prime abord, les papules peuvent démanger et devenir inflammatoires si le corps se défend contre le virus. Le grattage peut alors contribuer à propager le virus à d’autres parties du corps, et engendrer alors de nouvelles lésions.

Et chez l’adulte ?

En tant que parent d’un enfant atteint de molluscum, on se pose très vite la question : va-t-on nous aussi attraper ce virus si contagieux, et ce même si l’on y a déjà été exposé dans l’enfance ?

Hormis s’il souffre d’une maladie affectant notre système immunitaire (on parle de patient immunodéprimé), un adulte a très peu de risque de contracter le molluscum contagiosum de son enfant.

Cela dit, il existe différents types de molluscum :

  • le molluscum contagiosum de type 1 (MCV I), qui touche essentiellement les enfants et les personnes patients immunodéprimées ;
  • le molluscum contagiosum du type 2 (MCV II), qui est en fait une infection sexuellement transmissible (IST) ;
  • et les molluscum contagiosum de type 3 et 4 (MCV-3 et MCV-4), qui sont plus rares.

L’adulte va ainsi être davantage à risque de contracter un molluscum MCV 2, sur le pubis, le pénis ou la vulve. Là encore, la taille des lésions dépendra de l’état du système immunitaire, les personnes infectées par le VIH ou immunodéprimées risquant des lésions importantes.

L’infection se transmet par voie sexuelle, plus exactement par contact rapproché avec les zones cutanées proches des organes sexuels d’une personne porteuse du virus. En cela, et comme pour le papillomavirus, le port du préservatif n’est pas suffisant pour se protéger de cette IST.

Côté traitement, que fait-on ? « Il n’y a pas de traitements d’une efficacité redoutable. Et aujourd’hui, on n’est pas certain que traiter vite marche mieux que si on laisse tout bonnement la nature faire son œuvre, et les molluscums disparaître naturellement », analyse le Pr Franck Boralevi…. Une vaste étude britannique parue en 2015 a en effet démontré que sans intervenir, les molluscums finissaient par disparaître tout seuls, parfois au bout de six mois, parfois un an, parfois dix-huit mois, voire un peu plus. La patience est donc l’une des attitudes possibles pour venir à bout, lentement mais sûrement, des molluscums. A vous de voir si vous pouvez attendre…

Si l’on souhaite agir sur les lésions, notamment du fait du risque de contagion, pour des raisons esthétiques, ou pour améliorer sa qualité de vie dégradée par ces papules disgracieuses, plusieurs approches thérapeutiques cohabitent. Citons notamment la cryochirurgie à l’aide d’azote liquide, le laser, l’électrocautère, ou encore le curetage, chez un dermatologue (voir ci-après).

Il existe aussi des produits (prescrits par le médecin), qui vont entraîner une petite inflammation locale, accélérant la disparition des molluscums. Il s’agit en fait d’agents topiques irritants tels que l’acide trichloracétique (solution à 25 à 40%), la cantharidine, la podophyllotoxine (chez l’adulte), la trétinoïne et le tazarotène. Certains utilisent l’acide salicylique, mais il est parfois jugé trop irritant, même chose pour l’hydroxyde de potassium. Notons que si la cantharidine est jugée sûre et efficace, cette substance grasse, qui s’applique pur, peut entraîner des cloques (appelées phlyctènes), et ce de façon imprévisible.

Le traitement radical : la curette chez le dermato

La solution la plus radicale est celle du curetage : le dermato va enlever chaque molluscum avec une petite curette, d’un geste sûr. Pour éviter tout inconfort à l’enfant pendant cette séance, on peut appliquer préalablement une petite crème anesthésiante, une bonne heure avant le rendez-vous. Notons que le curetage va induire des saignements impressionnants sur le plan visuel, mais sans conséquence pour la santé de l’enfant.

Comment traiter naturellement un molluscum ?

Vu qu’il s’agit d’un virus, il est conseillé d’avoir recours à des huiles essentielles antivirales et antiseptiques, telles que : Tea tree (Arbre à Thé), Ravintsara, Niaouli, Thym à linalol, Lavande fine… Prudence toutefois : chez l’enfant de moins de 3 ans, de nombreuses huiles essentielles sont déconseillées voire à proscrire. Dans tous les cas, mieux vaut demander l’avis d’un spécialiste, et préférer l’administration par voie aérienne (diffusion) ou cutanée, mais pas orale.

Dans le cas présent, l’idéal est de diluer 10 gouttes d’HE dans 10 ml d’huile végétale, et d’appliquer la solution sur les papules.

En 2012, une étude scientifique parue dans le Journal of Drugs in Dermatology a fait état de l’efficacité, chez l’enfant, de la combinaison d’huile essentielle de Tea tree pure, associée à de l’Iodine (Bétadine dermique), en application cutanée. Il s’agirait, selon les auteurs, d’une alternative thérapeutique valable pour le molluscum de l’enfant.

Phytothérapie et remèdes de grands-mères

Le vinaigre de cidre, le citron ou encore le miel peuvent être envisagés en application locale, pure ou dilué selon la sensibilité de la peau. Prudence toutefois à ne pas agresser l’épiderme et risquer des irritations.

L’homéopathie peut être une approche à envisager si l’on souhaite tout faire pour éviter la séance “curetage” chez le dermato. En tout cas, on peut toujours essayer ! Voilà les granules et dilutions à utiliser pour cette affection :

Cinnabaris 9 CH et Dulcamara 9 CH (5 granules de chaque le matin) + Thuya 15 CH (5 granules le soir) + Vaccinotoxinum 15 CH (1 dose par semaine).

A suivre pendant 3 mois, en curatif ou pour éviter les récidives.

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