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les sportifs français dans les starting-blocks

Le 2 avril prochain, ­Clémence sera sur la ligne de départ, à quelque 42 kilomètres de la ligne d’arrivée du Marathon de Paris. Une longue distance pour le commun des mortels. Pourtant, cette trentenaire originaire d’Ille-et-­Vilaine sera loin d’être seule. La joggeuse confirmée sera entourée de 45 000 autres sportifs, amateurs ou professionnels, venus participer à la même épreuve. ­Nathan, qui s’apprête à disputer son tout premier marathon, sera là également.

Les deux amateurs abordent l’échéance différemment. ­Clémence se réjouit à l’idée de « participer de nouveau à une grand-messe sportive », quand ­Nathan s’inquiète de l’effet de groupe. « Plusieurs de mes connaissances aiment courir à plusieurs, mais pas moi. J’appréhende un peu car avec tous ces gens autour, ça change la donne, reconnaît-il. Petit à petit, j’oublierai tous ces gens autour de moi, je vais me concentrer sur ma montre, mes écouteurs et surtout mon corps. »

Poussés par une folle envie de challenge

Quelles impressions sont-ils venus chercher ? « C’est compliqué à décrire… Quand je cours, je n’ai pas conscience du plaisir que cela procure. Tout vient après. Me dire que j’ai réussi à faire 20 ou 25 kilomètres me donne une grande satisfaction », détaille ­Nathan. « Quand je cours, j’ai un sentiment de liberté, je suis dans ma bulle, c’est mon moment à moi », abonde ­Clémence.

« À travers les portraits que nous avons réalisés de différentes coureuses, beaucoup nous confiaient s’être mises à la course pour perdre du poids ou retrouver la forme, explique ­Aurélie ­Bresson, fondatrice du magazine Les Sportives. J’entendais beaucoup de discours du type “je reviens d’une maladie ou je voulais sortir et être dans ma bulle”. » Des propos dans lesquels s’inscrit totalement ­Clémence. Au sortir d’un burn-out, cette cadre supérieure voulait se lancer un défi. Le jogging a été son refuge.

« La course à pied est un sport que je détestais, je ne comprenais pas son intérêt, explique de son côté Nathan. Puis, un beau jour, j’ai décidé de m’y mettre et comme je fais souvent les choses intensément, je me suis fixé un objectif : dans un an, je fais le marathon ! » À cet effet, le trentenaire a commencé par deux ou trois sessions de 5 kilomètres par semaine, « en tirant la langue », puis très vite il a commencé à se renseigner sur l’alimentation, se documenter sur les différentes techniques de course. « Je me suis fixé l’objectif de courir un semi-marathon à chaque fois. »

Un sport de plus en plus féminin

Si la participation à de grandes courses mythiques comme le marathon attire de plus en plus, elle reste l’apanage des hommes : 27 % seulement des participants de l’édition 2019 étaient des femmes, année où elles étaient le plus nombreuses. Pourtant, « il y a eu une montée en puissance depuis trois décennies. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à arpenter les rues et à chausser les baskets », pointe ­Aurélie ­Bresson. « Dans les années 1980, une poignée d’entre elles participaient aux courses dans le monde mais les femmes ont désormais de plus en plus envie de s’engager. »

Dès lors, beaucoup de courses mythiques comme La ­Parisienne ou le Marathon de Paris ont compris le potentiel de croissance que représentait le public féminin. Pour la fondatrice du magazine Les Sportives, un tiers de femmes qui pratiquent la course à pied « le font depuis moins de cinq ans ». Dans les compétitions qui vont au-delà du marathon, comme les trails et ultra-trails, le taux de participation des femmes ne dépasse que rarement 10 % à en juger une étude de sa publication, mais les chiffres vont en progressant. Cependant, certains freins subsistent. « Des coureuses craignent encore pour leur sécurité quand elles s’entraînent seules. C’est un vrai sujet, explique ­Aurélie ­Bresson. Le fait, aussi, qu’on se pose la question “est-ce qu’une femme peut courir un marathon ?”, encore aujourd’hui, montre que subsistent des préjugés. »

Marathon de Paris : les sportifs français dans les starting-blocks

À ceux qui douteraient d’ailleurs de l’accessibilité pour tous de la course à pied, ­Aurélie ­Bresson nous renvoie vers une étude d’envergure portée par le CHU de Saint-Étienne et le laboratoire interuniversitaire de biologie de la motricité réalisée en 2019, lors de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc. Cette dernière visait à évaluer et comprendre les différences entre hommes et femmes concernant la fatigue. Principal enseignement ? Aucune différence au niveau de la fatigue centrale impliquant le système nerveux n’est apparue.

Culte de soi et effet addictif

Depuis la démocratisation de ce sport, et la mise en place de circuits adaptés pour pratiquer la discipline dans de grandes villes – à l’instar des quais de Seine parisiens en 2017 –, la mode du running se répand également sur les réseaux sociaux. Chacun y va de sa publication et expose ses records et performances à toute sa communauté. Une mode qui divise dans le camp des pratiquants. « C’est vrai que, de mon côté, je poste beaucoup de photos sur les réseaux, admet ­Clémence, qui s’apprête à disputer son ­deuxième marathon, après celui de Londres en 2022. Bon, ça peut paraître ringard et un brin m’as-tu-vu, mais après tout, je suis fière de mes exploits ! »

Pour cette dernière, s’exposer ainsi tient plus d’une volonté d’appartenir à une communauté qu’à un souci d’ego mal placé. « J’ai été surprise de voir à quel point la communauté sur les réseaux sociaux autour du running était puissante, explique-t-elle. Les gens aiment les photos, commentent, donnent des conseils, partagent leurs expériences. Ça m’est arrivé de retrouver des gens, que je n’avais croisés que sur les réseaux, sur la ligne de départ d’un 10 km. » « Ce culte du sport, je le trouve parfois un peu dérangeant, tempère de son côté Nathan. On sent que certains le font pour se faire mousser et parler d’eux. »

Ces sportifs amateurs vivent aussi quelquefois une addiction néfaste. « Dans ma vie de famille, la course avait pris une place démesurée, admet ­Clémence. J’allais courir le soir, au moment même où mes enfants ne dormaient pas encore et où j’aurais dû privilégier des moments avec eux. » Blessé au dos, ­Nathan a dû s’arrêter pendant un mois lors de sa préparation. « Je me suis dit que ça n’allait plus être possible. » Son kiné lui a déconseillé de continuer. Poussé par son objectif, Nathan a préféré s’écouter. « Passer de tout à rien me paraissait inconcevable », explique-t-il, tout en reconnaissant que l’effet addictif de la course s’impose très rapidement dans l’esprit des coureurs. « Aujourd’hui, plus je m’entraîne, plus je vois que mon objectif est à ma portée, plus je continue, explique-t-il. C’est sûr qu’il y a un effet de dépendance. On fait tellement de sacrifices, que le fait de louper une séance ou, plus grave, un marathon, ça frustre trop. Donc on continue. »

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Des milliers de spectateurs attendus

Près de 50 000 coureurs se sont inscrits au Marathon de Paris en 2023, ce qui en fait le deuxième mondial en nombre d’adhérents, après celui de
New York. 250 000 spectateurs sont attendus.

En 2019, 60 000 personnes se sont inscrites, un record. 27 % des marathoniens étaient des femmes. Il s’agissait du premier marathon à compenser entièrement son empreinte carbone.

Le record de l’épreuve masculine est détenu par l’Éthiopien Kenenisa Bekele. Il a parcouru les 42,195 km du circuit en 2 heures, 5 minutes et 4 secondes, en 2014. Chez les femmes, la Kényane Judith Jeptum a réalisé le parcours en 2 heures, 19 minutes et 48 secondes, en 2022.

CET ARTICLE A ETE COPIE SUR www.la-croix.com

Written by Mark Antoine

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