in

Les « petites lois » sur les jeunes et les écrans divisent

Loin du climat de tension qui règne autour de la réforme des retraites, l’Assemblée nationale a adopté deux propositions de loi à l’unanimité, les 6 et 7 mars, et une autre à la quasi-unanimité le 2 mars (82 voix contre 2). Fédérateurs, voire consensuels, ces textes portaient tous sur la « protection de l’enfance en ligne ».

Mardi 7 mars était adoptée en première lecture la proposition de loi de la députée Renaissance Caroline Janvier sur la prévention de la surexposition des jeunes enfants aux écrans. La veille, c’était le texte de Bruno Studer (lui aussi issu des rangs de la majorité) visant à responsabiliser les parents qui publient des images de leurs enfants sur Internet. Quelques jours plus tôt, le 2 mars, l’Assemblée approuvait le principe d’une « majorité numérique » à 15 ans, sur une proposition du député Laurent Marcangeli (président du groupe Horizons).

Le sujet n’en finit pas de s’inviter à l’agenda gouvernemental et parlementaire. Tandis qu’une commission d’enquête du Sénat se penche sur le cas TikTok, ce réseau social chinois particulièrement addictif, le gouvernement teste actuellement une solution de vérification d’âge pour bloquer l’accès des mineurs aux sites pornographiques et lance une campagne pour populariser le site jeprotegemonenfant.gouv.fr, qui propose des conseils de « parentalité numérique ».

Sédentarité, cyberharcèlement, troubles de l’attention et du sommeil… Face à l’ampleur des risques, élaborer un texte de loi unique ne serait-il pas plus ambitieux que la multiplication de « petites lois » de quelques articles et très ciblées ?

« Présenter un seul texte plus étoffé générerait des amendements par centaines, et on risquerait de perdre de vue l’objectif », répond à La Croix le député Bruno Studer, déjà auteur de lois sur le contrôle parental et les enfants influenceurs. « Mon texte n’est qu’une pierre apportée à un édifice bien plus large », concède pour sa part Laurent Marcangeli. Le député de Corse-du-Sud souhaite que la France soit « le premier pays au monde à se doter d’un véritable écosystème global de protection de l’enfance en ligne ».

Les associations concernées affichent une certaine circonspection. « Il y a un risque que la surabondance dilue le message », prévient Axelle Desaint, directrice du programme Internet sans crainte de la Commission européenne. Face à des usages « extrêmement installés », elle redoute que les règles édictées ne soient jamais appliquées, comme c’est le cas depuis des années concernant l’interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 13 ans ou de la pornographie pour les moins de 18 ans. « Cela donne l’impression aux jeunes que les limites qu’on fixe sur Internet sont virtuelles, et que les adultes ne sont pas en capacité de les protéger. »

« On ne cesse de moraliser les enfants sur leurs pratiques numériques, mais les conseils qu’on leur donne, énormément d’adultes sont incapables de se les appliquer à eux-mêmes ! », s’agace Thomas Rohmer, fondateur de l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (Open). Selon lui, parmi ces trois propositions de loi, seule celle de Bruno Studer n’est pas orientée vers une « protection des enfants » mais vers une « responsabilisation des adultes ».

Le psychiatre Serge Tisseron, lui, va jusqu’à mentionner un risque de « surenchère législative » qui masquerait les problèmes du numérique en concentrant l’attention sur les enfants. Pour l’auteur de 3-6-9-12. Apprivoiser les écrans et grandir (Érès, rééd. 2017), nous devons nous départir du fantasme selon lequel les enfants seraient les plus menacés d’embrigadement sur les réseaux sociaux. « Les électeurs de Trump n’étaient pas des mineurs. Avec les algorithmes manipulateurs omniprésents sur le Net, nous devons tous apprendre les bons usages du numérique. »

« Des lois, c’est bien, mais ne nous arrêtons pas là ! Il faut débattre de tous ces sujets », souhaite Jean Cattan, le secrétaire général du Conseil national du numérique. Une idée parmi d’autres : mettre au point un réseau social en classe, et en édifier les règles de modération. Pour amener les élèves à s’interroger sur les comportements « acceptables » en ligne, et ceux qui ne le sont pas.

CET ARTICLE A ETE COPIE SUR www.la-croix.com

Written by Mark Antoine

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

GIPHY App Key not set. Please check settings

Wall Street ends in dispersed order, the market resists, despite the banking shock

top départ lundi prochain ! Dates, sujets à réviser, conseils… Soyez prêts !