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l’engouement des Français ne faiblit pas

Docteur Maboul, Skyjo, Cuisto Dingo… En 2022 encore, les jeux de société ont la cote. Et pas seulement du côté des enfants. Le top 3 des « kidultes » – ces joueurs à partir de 12 ans – affiche sur son podium l’intelligent Codenames et les très potaches Blanc-manger Coco et Limite Limite. Lundi 16 janvier, la filière jouet dévoile son bilan de la saison 2022, se basant sur octobre, novembre et décembre.

Le directeur général de la Fédération française des industries jouet-puériculture, Christophe Drevet, annonce une performance globale « en légère baisse par rapport à 2020 et 2021 », années marquées par les confinements successifs qui ont fait exploser les ventes. Il assure tout de même que ces pratiques se réinscrivent et perdurent dans la société. « Le marché du jeu et du jouet global représente 18,5 % du marché », expose quant à lui Bruno Bokanowski, directeur de la rédaction de La Revue du jouet. Ce qui signifie qu’un jouet vendu sur cinq est un jeu de société. Une particularité française, l’Hexagone étant depuis plusieurs années en pointe du marché européen du jeu de société.

La faim du jeu et le développement du coopératif

Christophe Drevet remarque une accélération de l’intérêt des « kidultes ». « En cinq ans, avec la pandémie comme accélérateur, le marché des kidultes a doublé. Aujourd’hui, ils représentent 28 % du marché total. » Si les jeux d’ambiance, ou « jeux d’apéro » comme Blanc-manger Coco ont d’abord participé à relancer la machine et redémocratiser la pratique du jeu, « les jeux d’enquête, très narratifs et coopératifs, continuent d’être privilégiés », analyse Vincent Berry, chercheur en sociologie du jeu au laboratoire Experice de Paris.

« À la base, les jeux sont une activité collective, mais avec toujours, quelque part, un sentiment individuel avec un gagnant, un perdant, relève l’expert. Avec le jeu coopératif, on est comme une équipe de sport, tout le monde gagne ou tout le monde perd. Il n’y a plus de notion d’adversaire. » Un mode de jeu intéressant notamment « pour les enfants qui ont plus de difficultés et qui sont moins sûrs d’eux », détaille Bruno Bokanowski. Une approche qui correspond à d’autres tendances en vogue dans la société, comme « les méthodes Montessori qui ne favorisent pas de notation, pas de vainqueur, où la personne travaille et joue à son rythme », poursuit-il.

La fuite des écrans et l’appât des cartes

Autre effet du jeu de société, amplifié par les confinements : le jeu de société renforce les relations sociales, plus qu’il n’en crée. « Ce qui est incroyable dans l’évolution du jeu de société, c’est la diversification des expériences proposées, souligne Vincent Berry. Il y a les jeux “pour le fun”, d’autres où l’on peut se défier, d’autres plus narratifs… Le jeu devient la consommation collective d’une histoire, d’une enquête. »

Contrairement au jeu vidéo, le jeu de société s’intègre naturellement dans la vie d’un groupe (famille, amis). Et le tout, sans écran, ce qui a sans doute contribué à accorder au jeu de société une valeur éducative renforcée. « Quand on n’en peut plus de la télé, des téléphones et des tablettes, manipuler des jeux de cartes peut être une vraie bulle d’air », argumente Christophe Drevet. « Le jeu de société est souvent assimilé à de la bonne parentalité », confirme quant à lui le chercheur Vincent Berry.

Cependant, les écrans s’immiscent de plus en plus souvent dans les jeux, au moins en début de partie. Depuis plusieurs années, le rôle du « maître du jeu » – celui qui rythme la partie et tire les ficelles – a changé. Les éditeurs, pour attirer un plus large public, cherchent à se défaire des longues règles du jeu écrites, qui constituent l’un des principaux freins à l’intérêt des joueurs. « Les livrets de règles se réduisent et l’utilisation de vidéos explicatives a explosé ces dernières années », observe Vincent Berry. Le chercheur remarque aussi le développement de jeux avec des règles inductives, c’est-à-dire « un jeu où les règles sont minimales et arrivent au cours du jeu comme Andor ou Unlock ! ». Règles écrites ou « tutos », il faut choisir. À vous de trancher et de jouer.

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Le confinement, un accélérateur

Selon une étude OpinionWay d’août 2021 pour le distributeur Philibert, 91 % des Français disaient jouer aux jeux de société, dont la moitié au moins une fois par mois et un quart au moins une fois par semaine. 30 % déclaraient jouer davantage depuis le confinement.

En 2020, le chiffre d’affaires du secteur atteignait 360 millions d’euros, contre 328 millions en 2019, selon l’Union des éditeurs de jeux de société. En 2021, 30 millions de boîtes ont été vendues.

La France est en tête du marché européen. En 2019, le chiffre d’affaires du secteur atteignait 240 millions d’euros au Royaume-Uni et 237 en Allemagne.

Environ 1 500 nouveautés sont parues en 2022, contre 200 par an dans les années 1990. Le secteur compte environ 5 000 professionnels en France.

CET ARTICLE A ETE COPIE SUR www.la-croix.com

Written by Mark Antoine

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