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La loi influenceurs votée à l’Assemblée, ce qu’en pensent les intéressés

RÉSEAUX SOCIAUX – Régulation de la publicité, usage des filtres et protection des mineurs… L’Assemblée nationale a voté à l’unanimité ce jeudi 30 mars une proposition de loi visant à mieux encadrer le business des influenceurs. On l’a vu ces derniers mois avec la croisade du rappeur Booba contre ceux qu’il surnomme les « influvoleurs » : de nombreux créateurs de contenus, le plus souvent issus de la téléréalité, sont peu scrupuleux en matière de publicité.

Or comme l’a souligné le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, à la mi-mars sur franceinfo, « le Net ne doit pas être « le Far-West ». Avec ce texte, le Parlement veut réguler une bonne fois pour toutes les mauvaises pratiques dans le domaine du marketing d’influence.

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Une régulation jugée nécessaire et « bénéfique » par Myriam Roche, la fondatrice du média en ligne Gens d’Internet. « Il y a encore trop de flou juridique autour du secteur de l’influence et l’idée demeure qu’en l’absence de règles claires, les influenceurs font ce qu’ils veulent », déclare-t-elle au HuffPost.

« Tous les créateurs de contenus seront soumis aux mêmes règles »

« Avec cette nouvelle réglementation, on va montrer que c’est un secteur d’activité reconnu et que tous les créateurs de contenus, mais aussi leurs agences, sont soumis aux mêmes règles, qu’ils aient 10 000 ou 1 million d’abonnés », poursuit-elle.

Le texte, porté par les députés Stéphane Vojetta (Renaissance) et Arthur Delaporte (PS), cherche avant tout à réguler la publicité. Une fois qu’il sera définitivement est adopté, les influenceurs auront l’interdiction de faire la promotion d’opérations chirurgicales. Les pubs pour les injections de botox ou les greffes de cheveux en Turquie, seront donc de l’histoire ancienne.

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Les créateurs de contenu seront également tenus de respecter le cadre légal prévu pour le marketing digital dans les médias traditionnels. C’est-à-dire que leurs pubs devront être signalées comme telles et alerter sur le caractère néfaste de certains secteurs, comme les jeux d’argent ou les plateformes de trading.

Enfin, la proposition de loi vise à signaler l’utilisation des filtres, à définir plus clairement le statut légal des influenceurs, mais aussi à systématiser le recours aux contrats de travail. « Les stars de la téléréalité font beaucoup de partenariats sans avoir de contrats, comme de la promotion de boîte de nuit par exemple, où il y a pourtant échange monétaire et demande de prestation établie », illustre Myriam Roche.

Une tribune pointée du doigt par les influenceurs

Le modèle souhaité par Bercy apparaît donc plus vertueux et sécurisant, que ce soit pour les influenceurs – qui sont parfois mineurs – ou leur public.

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Alors qu’en pensent les principaux intéressés ? Une tribune publiée dans Le JDD et signée par 150 grands noms du secteur a laissé croire qu’ils s’y opposaient. Les signataires s’y inquiètent des effets néfastes de la loi sur leurs activités et demandent aux parlementaires de ne pas les considérer comme une « menace », ni de « mettre à mal une économie florissante ».

Mais depuis, Squeezie, Seb la Frite ou Dr Nozman pour ne citer qu’eux, sont revenus sur leurs signatures en disant avoir mal ou pas lu le texte qu’ils avaient signé. Ils assurent qu’ils se conforment déjà pour la plupart à ces règles et estiment qu’elles n’auront que peu ou pas d’impact sur leur activité.

« J’ai fait l’erreur de donner mon accord pour que mon nom apparaisse », a écrit Squeezie dans un message publié sur son compte Twitter, où il regrette une tribune visant à « limiter la casse sur les influenceurs mal intentionnés ».

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« Je ne suis pas impacté par ces lois, je n’ai à perdre avec cette réforme qui est destinée à réglementer des placements de produits immoraux (…) », a-t-il encore argué, avant d’ajouter qu’il se réjouissait que les « arnaqueurs soient enfin sanctionnés ».

« Les gros créateurs de contenus s’autorégulent depuis longtemps »

Une position compréhensible, pour Myriam Roche : « Les gros créateurs de contenus comme Squeezie ou Enjoy Phoenix s’autorégulent déjà depuis longtemps, signalent leurs publicités et ont recours à des contrats, même si on a déjà vu des manques de transparence, donc ils ne sont pas vraiment touchés par cette loi, explique-t-elle. Ce qui les dérange, c’est qu’on parle à leur place et que leur parole soit instrumentalisée ».

L’UMICC, la fédération d’agences d’influence derrière la tribune du JDD, s’est formée pour prendre la parole lors des échanges avec Bercy sur le métier d’influenceur, mais « elle a toujours eu une méfiance vis-à-vis du gouvernement, par peur de voir le secteur surréglementé », estime Myriam Roche. Selon elle, ce texte a sans doute été « rapidement écrit avant l’examen de la loi à l’Assemblée, pour s’assurer que les députés iraient dans le bon sens ».

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Si dans un nouveau communiqué, l’UMICC a assuré qu’elle était « en faveur de la proposition de loi », les agences semblent plus embarrassées par cette loi que les créateurs de contenus. Or, comme le rappelle la fondatrice de Gens d’Internet, « seuls 3 % des influenceurs sont aujourd’hui représentés » par ces structures.

Les influenceurs qui se sont exprimés se disent eux favorables à une régulation du secteur et voient d’un bon œil que le Parlement prenne des mesures contre « les escroqueries ». Malgré le quiproquo provoqué par la tribune, il semble donc que tout le monde soit sur la même longueur d’onde et qu’une vraie régulation des influenceurs et de leurs publicités soit en bonne voie. Booba va peut-être enfin pouvoir se remettre à la musique.

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CET ARTICLE A ETE COPIE SUR www.huffingtonpost.fr

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