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Gina Lollobrigida, la reine Italienne du cinéma est morte à 95 ans

DISPARITION – Pour Orson Welles, elle était la femme la plus fabuleuse du monde. La star du cinéma, révélée dans Fanfan la tulipe, est décédée ce lundi.

Signe d’admiration pour la diva italienne, Marilyn Monroe s’était un jour présentée comme la « Lollobrigida américaine ». « C’était une copine », confiait l’intéressée qui avait d’ailleurs sculpté l’icône blonde. Gina Lollobrigida ? « La femme la plus fabuleuse du monde, la reine », résumait Orson Welles. « L’archétype de la beauté féminine italienne », renchérissait Alberto Moravia.

Née Luigia Lollobrigida le 4 juillet 1927 dans la petite commune italienne de Subiaco, au sud-est de Rome, où Lucrèce Borgia a vu le jour, l’actrice italienne qui fut longtemps considérée comme la « plus belle femme du monde » reçut une éducation « très dure » de son père, directeur d’une fabrique de meubles que sa mère vendait et d’une entreprise de cordonnerie. En cachette, elle voit les films avec Ginger Rogers et «tous les baisers de Gary Cooper» dont elle demande au projectionniste les bouts de pellicule. Ruinée par la guerre, la famille part à Rome. À 18 ans, la jeune fille, qui rêve d’abord d’être peintre, étudie à l’Académie des beaux-arts, prend des cours de chant et dessine des portraits de GI. «J’étais l’artiste de la famille », disait-elle. Ses trois sœurs sont ouvreuses dans des cinémas.

Elle débute au théâtre dans Santarellina, une comédie d’Eduardo Scarpetta. Fait de la figuration, pose pour un roman-photo et participe à des concours de beauté. À 20 ans, elle est la troisième dauphine de Miss Italie entre autres nombreux prix. Gina Lollobrigida est arrivée au cinéma «par hasard» et a persisté « par curiosité ». Son amie Silvana Mangano l’a entraînée pour un bout d’essai. Pendant quatre ans, elle enchaîne une dizaine de petits rôles, jusqu’en 1952. Cette année-là, elle incarne Adeline, une fausse diseuse de bonne aventure sous le charme de Gérard Philipe dans le film de Christian-Jaque, Fanfan la Tulipe. La même année, les deux acteurs se retrouvent dans Les Belles de nuit, de René Clair. Prénommée Leila, magnifique, elle crève l’écran. Le comédien lui a appris la langue de Molière. «Je dois mon succès à un Français. Ce fut le début de ma carrière internationale », estimait la rivale de Sophia Loren.

La suite lui donne raison. En 1953, elle est mariée à l’aventurier Humphrey Bogart pour Plus fort que le diable (Beat the Devil) tiré du roman de James Helvick que John Huston tourne en Italie. Truman Capote écrit des répliques la nuit pour Gina Lollobrigida, Robert Capa est le photographe du plateau. Le producteur Howard Hughes la poursuivra de ses assiduités pendant treize ans. La même année, c’est Pain, amour et fantaisie, de Luigi Comencini, qui assure sa renommée dans son pays natal, et la suite malgré la réticence de l’héroïne en 1954. Elle incarne la Bersagliera, une «vraie diablesse» aux pieds nus dont tombe amoureux le chef des carabiniers, Vittorio De Sica vieillissant. «Je suis terriblement ambitieuse et il n’est pas question que je me contente d’une réussite médiocre. Je veux devenir une grande actrice», affirmait celle qui refusait d’être réduite à «Lollo», un sex-symbol.

Trois ans plus tard, la comédienne est de nouveau dans la lumière sous les traits de la bohémienne Esmeralda, dans Notre-Dame de Paris, de Jean Delannoy transposé du roman de Victor Hugo par Jacques Prévert (1956). Elle fait tourner la tête de Quasimodo, alias Anthony Quinn. Elle recevra un prix allemand (un Bambi) de la meilleure actrice étrangère pour sa prestation. Elle se distingue ensuite dans Salomon et la reine de Saba, de King Vidor avec Yul Brynner (1958). Le monarque est séduit par la souveraine au décolleté généreux. «Quand le metteur en scène disait : “Coupez !”, on continuait à s’embrasser », racontait Gina Lollobrigida amusée.
Jean Delannoy la sollicite une seconde fois pour le rôle de Pauline Borghèse, la sœur préférée de Napoléon Ier (Raymond Pellegrin) dans Vénus impériale (1962), qui la verra couronnée de deux prix italiens. L’un de ses films préférés avec La Mer à boire, de Renato Castellani, une comédie sociale néoréaliste (1963). Gina Lollobrigida s’y montrait sans fard et ridée pour jouer avec le déjà célèbre Jean-Paul Belmondo. «Je n’aime pas être prisonnière d’un personnage. Je préfère qu’on me demande d’être laide à condition d’avoir un rôle intéressant», avait-elle fait remarquer. En 1975, Luigi Comencini la retrouve pour la métamorphoser en fée bleue pour le conte de Carlo Collodi, Pinocchio, une série télévisée qui sortira dans un format court au cinéma. Et qu’elle préférait occulter.

À l’instar de sa vie sentimentale. Elle qui avait fait la révérence devant la reine Elizabeth, gagné le respect de Fidel Castro, été «intimidée» par Eisenhower et Gagarine. Elle a photographié Indira Gandhi, impressionné George Cukor et reçu la Légion d’honneur des mains de François Mitterrand en 1995 peinait à trouver l’âme sœur. «Le Bon Dieu m’a donné le talent, mais basta, l’amour il me l’a refusé », avait confié l’actrice connue pour son caractère entier. En 1949, Gina Lollobrigida, 22 ans, s’était toutefois mariée avec un médecin yougoslave, Milko Skofic, qui devint son manager – à cause de lui, elle passa à côté de La dolce vita – et dont elle eut un fils. Ils ont divorcé en 1971. «J’ai toujours lutté seule et je crois être arrivée à faire tout ce que je désirais dans la vie », répétait-elle souvent.

La star avait arrêté sa carrière dans les années 1970 pour se consacrer à la photographie – elle avait d’ailleurs obtenu le prix Nadar pour son premier album sur l’Italie – puis à la sculpture. En apparaissant parfois dans des séries américaines. «Je ne dépends que de moi… Au bout de trente ans consacrés au cinéma, j’avais envie de passer de l’autre côté, d’être moins regardée», signalait-elle. Ses rôles prestigieux ont été autant de sources d’inspiration. Elle avait notamment sculpté une Esmeralda en bronze. En 2018, auréolée d’une vingtaine de récompenses internationales, la «Belle Romaine» de Luigi Zampa avait reçu son étoile sur le Walk of Fame de Hollywood Boulevard à Los Angeles. «Je suis ivre d’amour, je n’aurais jamais imaginé une telle journée», avait-elle alors lancé avec l’enthousiasme qui la caractérisait encore.

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Written by Aloys Gautier

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